Il est environ 10 heures quand nous entrons dans la ville d’Anyama ce vendredi 19 juin. Nous entamons le tronçon principal grouillant de monde de part et d’autre. Nous découvrons une petite commune plutôt vivante contrairement à nos appréhensions. Et régulièrement, nous nous arrêtons pour demander notre chemin à des résidents. Le lieu de l’accident est connu de tous. Ils nous indiquent de poursuivre notre chemin tout droit jusqu’au pont qui jouxte la bifurcation de la voie vers Adzopé.
Sur place, ça grouille de partout. Une horde de badauds entoure le lieu du drame. Il y a aussi plusieurs dizaines de policiers et de gendarmes. Ils maintiennent autant que possible l’ordre sur le site pour empêcher des infiltrations des populations. Le site a été déguerpi la veille par les autorités publiques.
Depuis le pont, nous découvrons, stoïques, le lieu de la catastrophe. Il y règne un calme sinistre. Il y a un chemin de fer qui passe sur un monticule de terre tout près. Dans un ravin contigu, il y a des habitations précaires. C’est une partie de cette terre latéritique, ramollie par les pluies diluviennes de ces derniers jours, qui a cédée sous les rails et coulée vers les habitations en contrebas. Certaines maisons ont été englouties avec leurs occupants par l’éboulement de terre. Les pompiers et les éléments de la Croix Rouge fouillent les décombres à la recherche de victimes. Depuis le drame, ils en ont retiré 13 morts et 3 blessés. Les corps des décédés sont transférés à la morgue d’Anyama. Les blessés ont été évacués à l’hôpital général de la ville pour des soins.
Les populations sinistrées ont été regroupées sur deux sites provisoires que sont la Mission catholique et la Mosquée principale d’Anyama. Au total, il y a 614 personnes regroupées sur les sites d’accueil selon le directeur technique de la mairie d’Anyama, M. Ouattara Michel, que nous avons rencontré.
Bravant la zone devenue marécageuse pour aller au contact des populations restées sur place, nous avons eu le témoignage d’Adama Sangaré, affligé, qui a perdu cinq proches le jour du drame.
Ce matin du jeudi 18 juin, il sortait à peine de son sommeil autour de huit heures quand il entendit un bruit lourd et sourd provenant du chemin de rails. Puis, dans les cours voisines situées un peu plus haut que la sienne, il a entendu des cris de panique, d’autres bruits indescriptibles puis plus rien. Le temps d’y accourir, toutes les maisons de ses proches étaient ensevelies sous une boue épaisse et destructrice.
Avec des voisins, ils ont tenté, malgré le danger encore présent, de sauver les personnes sous le marais. Ce fut pour lui peine perdue dit-il, ils en ont sorti que des corps inanimés. Un peu plus loin, un groupe de femmes en colère nous interpellent. Elles nous chargent de dire aux autorités publiques qu’elles demandent de meilleures conditions de logement. Nous leur répondons que nous sommes envoyés par M. Ousmane Touré, président de Hope Denguélé, Organisation caritative pour compatir avec elles. Nous les écoutons malgré tout et nous offrons aux populations présentes en guise de compassion des denrées alimentaires dont du riz, de l’huile, etc.
Puis, nous allons à la rencontre des personnes recasées à la Mission catholique. Ici aussi, il y a grand monde. Nous devons d’abord rencontrer M. Ouattara Michel, directeur technique et responsable du comité de gestion des personnes recasées. Il est assis sur un banc sous un grand préau et il multiplie les audiences et les appels téléphoniques. On le voit très occupé et très impliqué. Alors qu’il parle à un officier de gendarmerie et avant de nous recevoir, nous nous éclipsons pour rejoindre la grande salle où sont regroupés les sinistrés. Nous y rencontrons des hommes, des femmes et plusieurs enfants dans le désarroi assis ou couchés sur des matelas de fortune ou sur des nattes. La plupart d’entre eux tiennent en main un sandwich de pain et de sardine qu’ils viennent de recevoir. Le responsable de la logistique, M. Pango, que nous rencontrons, lui-même adjoint du directeur technique de la mairie, nous rassure qu’un repas chaud plus consistant sera distribué aux populations. Il nous énumère quelques besoins urgents et retourne à sa charge.
Nous revenons voir le directeur technique qui nous remercie du soutien que nous apportons aux populations et aux autorités d’Anyama, cependant il nous propose de remettre les dons de Hope Denguélé directement au maire de la ville vu le caractère important de notre action.
Une audience est rapidement organisée avec le Maire Amidou Sylla qui est particulièrement sensible à l’initiative de Hope Denguélé. Il salue cette action et salue également M. Ousmane Touré qu’il appelle affectueusement son « jeune frère » à qui il nous demande de transmettre sa gratitude. Puis, il vient réceptionner une partie des dons composés de plusieurs sacs de riz, de cartons d’huile, de seaux, de bassines, de bouteilles d’eau de javel, du savon, de masques chirurgicaux, de cartons de friandises pour les enfants et divers produits.
Le maire, touché, a promis rendre compte au Sous-Préfet, au Préfet et aux Ministres qui ont la tutelle de sa circonscription.
Nous nous sommes ensuite rendus sur le deuxième site de recasement, la mosquée. Là-bas, nous avons fait don de kits alimentaires à quelques personnes puis nous sommes allés au domicile de l’imam centrale de la ville, M. Seydou Diaby, qui a bien voulu nous recevoir pour faire des bénédictions.
Enfin, l’on pouvait regagner Abidjan pour rendre compte à notre mandant, M. Ousmane Touré, avec le sentiment d’avoir contribué, au nom de Hope Denguélé, à soulager des personnes éprouvées par le drame.